On Canadian Literature
By Hector Fabre
[Originally published by the Literary and Historical Society of Quebec in Transactions, New Series, No. 4 (1866)]
Nous avons donné à nos œuvres littéraires un titre peut-être trop ambitieux, en les désignant sous le nom de "La Littérature Canadienne". Nous prenant au mot, on a pu croire que nous avions la prétention d'entrer en lice et de nous mesurer avec cette grande et belle littérature française dont nous ne sommes au contraire que les humbles tributaires et les fidèles vassaux. Des esprits malins ont été jusqu'à insinuer que nous songions à lui créer une sorte de concurrence coloniale combinant ses efforts avec la contrefaçon belge pour avoir raison du génie français.
Une telle pensée, je n'hésite pas à le dire, ne s'est jamais présentée à l'esprit d'aucun groupe d'écrivains canadiens, encore moins a-t-elle jamais été le mobile et le but de leurs travaux. La seule ambition des hommes qui, parmi nous, se vouent au culte des lettres et s'efforcent d'élever, à côté des tribunes politiques, quelques autels ornés avec un soin pieux et où brille la flamme discrète d'un idéal accessible à toutes les intelligences, leur seule ambition, c'est que notre littérature soit l'écho affaibli de la grande voix de la France se répercutant par delà l'Atlantique, le reflet un peu pâli de son éblouissant génie. Le Canada littéraire n'aspire à être que la plus modeste province de l'esprit français, une Bretagne ou une Provence d'outremer, où, à travers une langue trahissant quelques défaites et portant la marque des luttes qu'il lui a fallu essuyer pour se perpétuer, on découvre cette force innée, cette naïveté d'inspirations, cette franchise de ton, cette originalité naturelle que les écrivains modernes ont perdues en renouvelant avec tant d'éclat et de finesse la face du monde intellectuel.
L'esprit français, ou si l'on veut l'esprit parisien qui est la plus vivante partie de l'esprit français, est arrivé à une période où manquent, jusqu'à un certain point, les grands aspects, —car les grands et immuables aspects du monde moral ont été, avant notre siècle, mis en pleine lumière par le génie,—mais où l'ironie, la curiosité, la passion de la connaissance exacte en toutes choses, du fin mot de tout énigme, héros ou événement, l'exploration minutieuse et infatigable de l'histoire, de la société, de la nature, de l'âme à tous ses degrés, le dénigrement de l'homme par l'homme, gouvernent la littérature et couvrent ses rameaux, que l'on pouvait croire épuisés, de fruits qui charment le regard de l'artiste et dont le goût piquant et de la plus agréable amertume enivre le gourmet en même temps qu'il fait éprouver au penseur des sensations nouvelles, inconnues aux purs classiques. Les recherches de l'analyse sont poussées jusqu'aux replis les plus secrets du' cœur humain, les inventions de l'esprit jusqu'aux plus merveilleuses ou aux plus bizarres conceptions, la peinture des mœurs et des caractères s'élève des plus familières images aux plus saisissants tableaux. Cette période est proprement l'époque de l'esprit, de la critique, de l'observation vraie, de la réalité transportée dans les livres, et impitoyablement peinte, impitoyablement raillée. Les vrais écrivains de l'époque actuelle, les écrivains qui résument, en des types frappants, les goûts et les tendances de la société française, ce ne sont ni-des orateurs sacrés, ni des tragiques sublimes comme1 au XVII siècle, ni d'inimitables peintres d'imagination ou des poètes lyriques incomparables comme dans le premier tiers de ce siècle, ce sont des critiques, soumettant à des analyses ingénieuses et savantes tout ce que jusqu'ici on avait chanté, peint, embelli, tourné en armes de guerre ou arrangé en draperies splendides. La critique est partout, dans l'histoire, la philosophie, la science, le roman, la poésie, au théâtre. Un instant l'illusion, traquée partout, n'a plus su où se réfugier. Cependant comme il faut toujours des rêves au cœur humain, la fantaisie est venue détrôner l'imagination et fournir encore à l'âme des visions gracieuses.
Une jeune littérature, comme la nôtre, ne saurait toucher déjà et sans transition à une période aussi avancée. Elle est loin encore de la verte et spirituelle vieillesse de la Littérature Française. Ses premières œuvres viennent de naître, nos plus vieilles renommées sont voisines de nos jeunes talents, et, sous nos yeux même, plusieurs de nos contemporains se disputent l'honneur d'être les pères adoptifs des lettres canadiennes. Notre littérature ne
doit pas, dans le seul but de créer ici une succursale à la littérature moderne, une sorte d'agence parisienne, renoncer tout à coup au développement graduel de ses forces à
l'entier épanouissement de ses qualités natives. Nos écrivains, alléchés par le goût des imitations, le voudraient-ils, qu'ils ne pourraient, du jour au lendemain, prendre les
brillants dehors et les infirmités de la civilisation parisienne.
Séparés politiquement de la France en 1760, mais littérairement dès le commencement du XVII siècle, nous n'avons point traversé les grandeurs et les épreuves qui l'ont vieillie. Nous en avons à peine contemplé de loin le spectacle grandiose et varié. Tandis que Racine écrivait Athalie ou que Bossuet prononçait l'oraison funèbre du grand Condé, nous étions occupés à nous établir sur un sol nouveau ; tandis que Voltaire était au comble de sa puissance, la colonie passait sous la domination anglaise. Au moment où la révolution française ébranlait le monde et lui enseignait la liberté en quelques leçons sanglantes, les Canadiens, perdus pour la France, oubliés, commençaient une lutte obscure dont le prix devait être la conservation de leur nationalité.
L'écho de ce qui se passait en France ne nous parvenait que de loin en loin. Les livres traversaient l'Océan lentement, sans ensemble, sans suite, au hasard. Il y en avait qui ne venaient jamais, d'autres qui arrivaient bien en retard. On s'attachait naturellement aux premiers que l'on recevait, en leur attribuant une importance, un mérite qu'ils n'avaient pas toujours. C'étaient parfois des ouvrages de second ordre qui nous initiaient à un mouvement littéraire. Quelques exemplaires passaient de main en main, faisaient le tour d'une ville, du pays, et frappaient les esprits à leur image. Dans un pays placé dans de telles conditions, il est évident que les idées courantes devaient sortir d'un petit nombre de livres. Ce serait une étude curieuse à faire pour le nôtre que de rechercher quels sont les ouvrages qui, aux différentes époques, ont exercé une influence décisive sur les esprits. On en arriverait à reconnaître que nous en étions encore à Rousseau, à Voltaire, à Montesquieu, lorsque Chateaubriand régnait, en France, sur toutes les imaginations.
Notre séparation littéraire d'avec la France a donc été presqu'aussi complète que notre séparation politique. Nous n'avons pas plus ressenti l'impulsion des transformations littéraires que le contre-coup des révolutions politiques ; nous sommes restés aussi étrangers à l'avènement du romantisme qu'à la révolution de 89. Chateaubriand a parcouru les forêts de l'Amérique, il les a remplies un instant de ses songes grandioses, son imagination y a enfanté des créations immortelles, René, Atala, Céluta, Chactas ; il les a ramenées en Europe comme des beautés ravies au désert, comme les idoles de dieux inconnus. Mais ces créations immortelles étaient uniquement les filles de son génie, il les aurait aussi bien conçues dans les solitudes peuplées de ruines de l'Asie; le décor seul et les défauts sont américains. La mélancolie de René est tout européenne et il n'en a rien laissé derrière lui en quittant l'Amérique.
Ce serait donc imprimer à notre littérature un mouvement factice que de la pousser brusquement dans les voies où la littérature française n'est entrée qu'après avoir parcouru tant d'étapes diverses, que de chercher à l'initier tout à coup au scepticisme humain le plus aiguisé, au dilettantisme littéraire le plus raffiné. Elle se trouverait en désaccord complet, en mésintelligence perpétuelle avec notre société dont elle doit être l'image fidèle, la représentation exacte, si elle veut l'intéresser, si elle veut avoir des lecteurs.
Que l'on me permette une comparaison. Il y a dans la vie une époque où l'homme, après avoir traversé les beaux orages de la jeunesse, les actives et fécondes années de la maturité, est arrivé à la pleine possession de son âme et de la vie. Il se connaît lui-même tout entier et il connaît les autres comme lui-même. Son esprit n'a plus de surprises, son cœur de désabusements, le monde n'a point de secret pour lui. Il aime encore, il aime plus que jamais même, le spectacle des choses humaines, mais ce n'est plus l'auditeur bénévole laissant passer les fausses notes, sans les entendre, dans les flots d'harmonie que verse une belle voix ; ce n'est plus le spectateur que l'on trompe avec une mise en scène habilement imaginée, avec des acteurs bien dressés, avec des figurantes trop colorées. Tandis que son regard suit la comédie qui se joue devant lui, sa pensée en voit l'envers, et il s'amuse, non de ce qu'on lui montre sur la scène, mais de ce qu'on lui cache dans la coulisse. Il aime encore la gaîté, mais celle des autres, il admire encore la beauté, mais ne croit plus à l'amour. L'espérance n'est pour lui qu'un souvenir, l'illusion qu'un enfantillage. Cet âge, qui est sans pitié, c'est la cinquantaine ; et c'est là, si l'on me passe la comparaison, l'âge de la littérature française.
La littérature canadienne est encore, elle, dans la fleur de ses vingt ans. Elle a les qualités, elle a les défauts de l'adolescence. A voir avec quelle prodigalité s'y distribue la gloire, vous devinez qu'on n'en connaît pas au juste le prix. Le moindre écrivain, en prenant la plume, fait vœu d'illustrer son pays, et avoue en toutes lettres, dans sa préface, sa funeste résolution. On parle de la postérité comme d'une voisine, bonne personne au demeurant, qui vous presse de l'honorer de votre visite. Jours heureux et fugitifs, dans la littérature comme dans la vie, où l'on prend les battements de son propre cœur pour les applaudissements de sa conscience, toutes les fleurs que l'on cueille sur les bords de la route pour des immortelles ! En vieillissant, on apprend ce que durent les roses et ce que valent les livres.
Restons ainsi longtemps, jeunes, ardents ; couronnons-nous de roses; cueillons la gloire à tout bout de champ, répandons-la sur tous ceux que nous aimons pour leur faire plaisir et pour qu'ils nous le rendent au centuple! Quel cruel et inutile sacrifice ce serait d'ailleurs que de changer en un automne prématuré notre tardif printemps ? Pourquoi renoncer aux plus doux charmes de la vie et aux plus beaux jours de la littérature? Laissons nos arbres, et jusqu'aux plus frêles rameaux, se couvrir de fruits; il soufflera assez tôt le vent qui en fera tomber les feuilles ! Respirons en paix l'air natal et le parfum des fleurs qui croissent dans nos champs. Réservons à la France les grandes aventures de la littérature et de l'art, les hautes entreprises, les chefs-d’œuvre. Contents de peu, cultivons, sur cette terre lointaine, sous ce froid climat, les plantes dont le germe est dans le sol que nous foulons et dont la végétation encore sauvage éclate autour de nous.
Le rôle de notre littérature, c'est de fixer et de rendre ce que nous avons de particulier, ce qui nous distingue à la fois de la race dont nous sortons et de celle au milieu de laquelle nous vivons, ce qui nous fait ressembler à un vieux peuple exilé dans un pays nouveau et rajeunissant peu à peu. Dans ce vaste tableau de l'Amérique, qui n'est que l'image grossièrement peinte de l'Europe, nous avons une place à part, tout un coin de l'horizon. La France a esquissé les grands traits de notre physionomie nationale, mais le portrait qu'elle voulait tracer d'elle-même est resté inachevé. Depuis lors, bien des influences en ont altéré l'expression, en ont varié le caractère.
Notre société n'est ni Française, ni Anglaise, ni Américaine, elle est Canadienne. On retrouve dans ses mœurs, ses idées, ses habitudes, ses tendances, quelque chose de chacun des peuples sous la domination ou dans le voisinage desquels elle a vécu, la pétulance française corrigée par le bon sens anglais, le calme britannique déridé par la verve gauloise. La pratique suivie et régulière de la liberté constitutionnelle, notre contact incessant avec des institutions et des formes étrangères à notre ancienne mère-patrie, la cessation presqu'absolu de rapports intimes avec elle, les conditions défavorables où nous nous sommes trouvés placés, tout en laissant subsister l'air de parenté entre les Français d'Europe et les Français du Canada, la marque ineffaçable de l'origine, ont détruit la ressemblance frappante. Les Canadiens se sentent aussi étrangers à Paris qu'à Londres, car si notre langage est français, nos habitudes et nos goûts ne le sont plus.
Il y a une grande variété d'opinions sur notre langage. Les uns, nos ennemis, soutiennent que nous parlons une langue dégénérée et appauvrie, épicée d'un fort accent Normand ; les autres, les flatteurs, que nous parlons la pure langue classique, la langue du siècle de Louis XIV. La vérité est loin de ces deux excès. Ce qui distingue le langage qui a cours en Canada, c'est précisément le défaut d'accent, le manque de ton. Nous avons ôté à la langue française sa musique. Elle ne sautille plus sur le bout des lèvres, elle n'éclate plus en mille fusées oratoires. Son cours un peu nonchalant nous berce de ses monosyllabes monotones. Notre accent est celui de tout le monde, moins les procédés oratoires qui Je varient. De là à parler la langue du grand siècle, il y a loin. Nous avons cependant la faiblesse d'aimer à nous l'entendre dire, quoique nous sachions fort bien que ceux qui nous font ce compliment écrasant n'en croient rien. La langue du grand siècle, la langue que parlait Bossuet dans la chaire, Racine ou le grand Corneille au théâtre, Boileau dans ses entretiens avec Lafontaine, Madame de Sévigné dans ses lettres, songeons-y une bonne fois sérieusement, pour nous corriger de cette prétention ridicule, est-ce possible? Si ces sages réflexions ne suffisent pas pour nous corriger, allons à Paris ; bien des gens nous y diront : "Vous êtes anglais, vous êtes belge," personne ne nous dira—"Vous êtes contemporain de Molière.
C'est cette société, miraculeusement conservée sous certains rapports, singulièrement défigurée sous d'autres, qu'il faut peindre, si l'on veut sérieusement qu'il y ait une littérature canadienne. Son histoire, ses diverses phases politiques ou sociales, ses idées, ses mœurs, ses goûts doivent se réfléchir en nos livres comme en de limpides miroirs. Le passé, ce passé qui comprend tant d'époques diverses depuis les premiers jours de la colonie jusqu'à nos grandes luttes pour la liberté, offre mille sujets d'études. Quelles curieuses recherches à faire, quelles intéressantes peintures à tracer de la société canadienne à ses grandes époques: au début, dans les épreuves incessantes, alors que toutes les forces sont employées à dompter la barbarie; plus tard, lorsque la colonie bien assise, respire en paix et s'efforce de faire revivre, dans la nouvelle patrie, l'image des plaisirs et des mœurs de la patrie absente, de transplanter et d'acclimater ici une société bretonne ou normande ; enfin à ce douleureux moment de la séparation en 1760, où il fallut se décider entre le Canada et la France, renoncer à jamais à revoir le pays de sa jeunesse et regarder le drapeau de la France repasser les mers, sans le suivre.
Alors s'ouvre un long drame politique dont les événements de 37 ont été l'épisode sanglant et dont l'établissement du gouvernement responsable a été le dénouement pacifique. Il y a là mille pages d'histoire à écrire. La France qui en est encore à se demander si les Français sont faits pour la liberté, trouverait la solution de ses doutes dans les longues luttes que nous avons soutenues pour obtenir les immunités constitutionnelles dont jouit l'Angleterre, dans la sagesse que nous avons déployée en nous gouvernant.
La société actuelle offre aussi au philosophe politique, à l'observateur social, au peintre d'histoire, au romancier, les sujets d'études les plus variés, les thèmes les plus fertiles. Rien ne ressemble moins à la vie civile, politique, sociale de la France que la vie canadienne. Il y a bien plus de différence entre notre chambre d'assemblée et le corps législatif français, qu'entre notre chambre et la chambre des communes ; bien plus de différence entre une audience de nos cours et une audience d'une des chambres de justice à Paris, qu'entre une séance des cours anglaises et une séance de nos cours ; bien plus de différence entre un salon de Québec ou de Montréal et un salon de Paris, qu'entre un salon de Québec ou de Montréal et un salon de Londres. Notre vie politique est basée sur le système constitutionnel. Les libertés anglaises s'étendent de l'arène électorale au foyer des familles, de l'administration des affaires publiques à la régie des salons. Les électeurs sont tout-puissants et les jeunes filles indépendantes comme en Angleterre. Le mariage français est fondé sur la dot, le mariage canadien sur l'inclination vraie ou supposée. Il y a dans la critique de nos mœurs, dans leur comparaison avec les mœurs françaises, dans la peinture de notre état social, toute une mine de piquants tableaux. Il circule à travers notre caractère une veine de gaîté gauloise dont on n'a point encore tiré assez de joyeux propos.
Il y a aussi parmi nous bien des types à créer. Ce n'est pas nous calomnier que de dire que les caractères manquent ici à la fois d'originalité et de variété, et que nous nous ressemblons tous. Il serait trop long d'énumérer toutes nos belles qualités et nos défauts un peu ternes ; il me suffit de constater qu'au lieu de les réunir, en les exagérant, dans quelques êtres privilégiés, qui s'élèvent au-dessus de la foule et fixent de loin le regard, nous les répandons, en les effaçant, dans la multitude des individualités qui s'agitent confusément sur le grand chemin de la vie. Dans les pays Européens, en France surtout, chaque classe, chaque groupe a son type, qui résume ses passions, ses sentiments, ses habitudes, ses costumes, ses ridicules, et qui est comme un exemplaire de luxe d'une foule d'ouvrages inconnus. Ces types sont moitié réels, moitié inventés par ceux qui les ont peints ; l'observation des romanciers les a trouvés à l'état d'ébauche dans la société, et leur imagination les a rendus au complet, avec une physionomie plus vraie que nature et contenant dans ces traits particuliers tous les traits généraux de l'espèce. La société parisienne est remplie de personnages jouant dans la vie réelle les rôles qu'ils ont appris au théâtre ou dans les romans. On voit défiler sur le boulevard des Italiens tous les types contemporains illustrés par la comédie, aussi frais et aussi ressemblants que s'ils sortaient à l'instant même de chez l'auteur de Jérôme Paturot, des œuvres de Reybaud ou d'Henry Monnier. Il en serait ainsi parmi nous si l'on s'appliquait à peindre les caractères, à rassembler les éléments d'une comédie canadienne, dont nous avons le plus grand besoin si nous ne voulons pas que tôt ou tard nos défauts excèdent nos qualités. Pour plusieurs de ses types, l'observation est facile et la besogne presque faite, ils sont vivants et remuants, il n'y a plus qu'à les jeter sur la toile.
Notre grande et belle nature, dans sa variété infinie d'aspects, est bien faite aussi pour tenter les brillantes imaginations. C'est pourtant le sentiment de la nature qui manque le plus à nos écrivains. Il y a dans Charles Guérin quelques larges descriptions, mais la passion qui s'attache au moindre coin de verdure, où la sent-on? Nos hivers attendent encore leur barde. Chantons nos campagnes, nos grands bois, nos chaînes de montagnes, mais, de grâce, n'y mettons que le moins d'iroquois possible, ne réveillons pas les Hurons qui dorment. Ces naïfs et fiers héros étaient fort éloquents de leur temps et en leur idiome, mais viennent-ils à s'exprimer en langue moderne et à gesticuler en alexandrins, je les goûte fort médiocrement et ils me gâtent les plus belles choses.
Notre littérature a déjà de nobles œuvres et de gracieux ouvrages à montrer.
Notre histoires est fixée dans ses points principaux et les œuvres de M. F. X. Garneau et de l'abbé Ferland resteront comme les vrais monuments de notre passé. Nobles caractères, âmes patriotiques, dont la mémoire remplit le présent et pour qui a déjà commencé la postérité ! L'un, citoyen avant tout, Canadien de la vieille trempe, de la bonne, confondant dans un même amour la nationalité et la liberté, attaché au souvenir de la France, vivant jusqu'au dernier jour dans l'espoir que ce souvenir ne s'effacera jamais de l'Amérique du Nord, et digne de garder toujours le titre d'historien national du Canada; l'autre, aussi grand citoyen que saint prêtre, esprit large, cœur dévoué, consacrant sa vie à élever, à côté de l'œuvre de M. Garneau, un temple où sont déposées les cendres de nos martyrs, où vivra à jamais leur mémoire bénie.
Auprès de nos historiens, supérieur à eux par l'étendue et la force de son esprit, se place le premier de nos publicistes, M. Etienne Parent, journaliste et journaliste toujours en vue pendant trente ans, ses écrits touchent d'ailleurs à l'histoire et forment la plus solide partie de nos annales politiques. Personne n'a déployé parmi nous dans ce métier de la presse, dont les conditions sont rendues si difficiles par la passion des partis, l'intolérance des intérêts personnels, l'indifférence du public et les nécessités de l'improvisation quotidienne, personne n'a déployé des vues plus larges et plus justes, une perspicacité aussi rarement en défaut, une sagesse aussi profonde.
L'inspiration nationale a été égale du premier jour au dernier. Deux œuvres de cet eminent esprit donnent à elles seules une idée exacte de sa rare puissance et de sa haute originalité. La première a pour titre : Du Prêtre et du spiritualisme, la seconde: De l'intelligence dans ses rapports avec la société. Il y a dans ces deux lectures le résumé d'une constitution sociale admirable, fondée sur les vues les plus neuves et les plus profondes. C'est là une œuvre digne de la méditation des esprits philosophiques et dont on ne comprendra que plus tard, lorsque les études et l'expérience politiques seront plus avancées parmi nous, la valeur et la portée.
L'histoire anecdotique du passé a déjà un excellent modèle dans les Notes qui accompagnent les Anciens Canadiens et dans les Mémoires que va publier M. de Gaspé. Si nous possédions pour toutes les époques importantes de notre passé un témoin aussi fidèle, un narrateur aussi spirituel, nous pourrions nous tenir pour satisfaits. Soyons du moins contents de ce que nous avons, remercions le noble vieillard, qui est le plus jeune de nos écrivains, de nous avoir rendu ce qu'il a vu durant sa longue carrière avec un tel aspect de vérité, un entrain si rare ; mettons dans un coin choisi de nos bibliothèques, pour les relire souvent, pour les relire chaque fois que nous nous sentirons le goût appesanti par quelque lourd bouquin ou vicié par quelque production réaliste, ces pages animées de la flamme du passé et où coule la verve d'autrefois. Ce fut un jour unique, et qui restera une date dans notre histoire littéraire, que celui où l'on vit apparaître, au seuil des lettres canadiennes, cet auteur qui débutait à 70 ans par un roman. Il n'y eût qu'un cri d'admiration lorsqu'on sentit quelle fraîcheur d'imagination, quel charme de style régnait dans ce livre qui devint de suite le plus populaire de nos ouvrages.
En outre des Anciens Canadiens, deux romans ont fondé le genre et fixé le cadre du roman canadien, Charles Guérin et Jean Rivard. Si les deux héros de MM. Chauveau et Gérin Lajoie se fussent rencontrés dans le monde, ils eussent été amis ou parents, car, dans la fiction, ils ont un air d'intimité. Les deux histoires sont vraies, intéressantes, bien conduites, les personnages sont naturels, la couleur locale bonne; cependant le grand succès obtenu par Jean Rivard a fait, jusqu'à un certain point, défaut à Charles Guérin, qui avec des parties plus brillantes est inférieur à son heureux rival, comme étude exacte des mœurs canadiennes.
La poésie a été de tout temps l'objet de nos plus tendres vœux; il suffit d'ouvrir le Répertoire National pour voir que cette passion n'a pas toujours tourné à notre gloire. Cette compilation d'un ami maladroit de notre nationalité a voué à l'immortalité une foule de méchants vers qui se seraient contentés de l'oubli. De tout temps nous avons rimé et depuis vingt ans nous avons des poètes. Ici, je le sens, je marche sur un terrain brûlant. Il est difficile d'assigner un rang à chacun de nos poètes. Comment cependant refuser la première place à celui, dont il n'est plus permis de prononcer le nom, et qui, dans sa pièce des Morts et dans la première partie de la Promenade des trois Morts, a donné d'éclatants témoignages d'un talent si supérieur? M. Chauveau a composé un petit chef-d'œuvre, les Joies naïves.
Nous avons à l'heure qu'il est toute une pléiade de poètes inspirés: M. Léon-Pamphile Lemay, âme souffrante, inspiration sincère, talent énergique; M. L. J. C. Fiset, imagination charmante au vol gracieux, poète délicat au vers élégant; M. Benjamin Suite, qui a déjà préludé sur la lyre par de mélodieux accords et qui en tirera plus tard des sons puissants ; M. Alfred Garneau, versificateur brillant, ciseleur habile.
La chanson a été trop négligée jusqu'à l'intéressant travail du Dr. Larue et la belle publication des Chansons Populaires du Canada, que M. Ernest Gagnon poursuit avec un zèle de lettré et un soin d'artiste. Par cette compilation M. Gagnon a rendu à notre pays un immense service, car nos chansons forment peut-être encore à l'heure qu'il est le plus clair de notre gloire, aux yeux de l'étranger. Ce qui ne se conçoit pas, c'est notre indifférence, à nous, pour un genre si national. Nos poètes composent des élégies et des dithyrambes ; ils feraient même des poèmes épiques, si on les y encourageait, et nous n'avons point un chansonnier! Le Canadien, né joyeux, est pourtant l'ami des gais refrains. Partout où il va on l'entoure et on le fait chanter. Il a la voix prompte et le ton juste. Vienne un chansonnier et son nom fera, avec ses refrains, le tour du pays.
Un livre travesti et calomnié par un homme d'esprit, qui n'avait que de l'esprit, qu'il faudrait remettre à sa place dans notre littérature, c'est le Canada reconquis par la France de M. Barthe. Cette œuvre éloquente a coûté à son auteur une grande dépense de talent. Un goût sévère aurait dû sans doute restreindre, dans une certaine mesure, les prodigalités d'imagination, mais il fallait un talent abondant pour répandre ainsi tant de richesses sans les compter. Un écrivain économe de ses idées, bien rangé dans ses phrases aurait tiré plusieurs livres de ce seul ouvrage. Il y a dans le Canada reconquis de belles et amples idées, une verve, une imagination exubérante, des passages éloquents. Mais les côtés excessifs ont effacé les bons côtés et mis l'ouvrage à la merci d'un railleur.
L'abbé Casgrain a donné dans l'histoire de la Mère de l'Incarnation une intéressante biographie religieuse en même temps qu'il a étalé, dans ses légendes, les richesses d'une brillante imagination et les charmes d'un style entraînant. Type gracieux, modèle excellent de l'homme de lettres canadien, il est l'âme de ce groupe d'élite auquel nous devons le mouvement littéraire qui s'est développé en ces dernières années. Les Soirées Canadiennes, le Foyer Canadien, que ce groupe a fondés, sont plus que de simples recueils de littérature, ce sont les promoteurs d'une ère nouvelle dans les lettres canadiennes. Avant les Soirées Canadiennes, nos écrivains n'avaient point encore osé arborer un drapeau séparé, distinct; ils étaient aisément confondus avec la foule des journalistes; leurs écrits étaient perdus, à la première page des journaux, au milieu des nouvelles étrangères et des correspondances locales. Des lettrés délicats, zélés, soucieux de leurs écrits, aussi soigneux de ceux des autres, dévoués à la gloire commune, amis de tous les talents, se sont réunis pour donner aux esprits diversement doués un centre intellectuel, à la littérature un organe permanent. Ils ne se sont pas bornée à éditer leurs propres travaux ; ils ont rassemblé dans de magnifiques volumes ce qui mérite le mieux d'être conservé ; ils se sont constitués les gardiens respectueux de la langue, les dépositaires des vraies traditions canadiennes.
A côté de ce groupe, ce serait une injustice, M. le vice-président (M. J. M. Le Moine), que de ne point vous nommer, vous qui rendez tous les jours tant de services à la Littérature Canadienne, qui unissez à la vocation des lettres la passion des études historiques, et qui cherchez à unir dans un même amour du passé, dans un même culte de ses gloires, les deux groupes nationaux qui se partagent le pays.
Je viens de parler, en passant des journaux et des journalistes: je ne voudrais pas m'en tenir à un mot indifférent à l'endroit d'une profession que j'aime et dont il me serait impossible de dire du mal, en eusse-je le droit. La Presse politique a été longtemps parmi nous le seul théâtre où s'exerçait l'art d'écrire bien ou mal, et c'est dans les liasses jaunies des vieux journaux, dans la poudre des polémiques éteintes qu'il faut aller chercher les plus vigoureuses traces du talent, les manifestations les plus vives et les plus variées de l'esprit. Que de luttes oubliées, que d'adversaires réconciliés, que de passe-d'armes dont les vainqueurs eux-mêmes n'ont pas gardé souvenir, que de correspondants anonymes, de journalistes improvisés qui rougiraient aujourd'hui, au sein des honneurs où le hasard les a fait monter, des méchants articles qui tuèrent leurs premiers rivaux et commencèrent leur fortune ! Le journalisme est en train de se renouveler : la presse change de face et s'américanise ; il ne reste guère de la vieille école qu'un dialecticien vigoureux, qui, après vingt-cinq ans de combats incessants, campe encore sur le champ de bataille. Une histoire détaillée, anecdotique de la Presse Canadienne, une collection des meilleurs, des plus piquants articles, faite par un homme au courant des secrets du métier et bien informé sur le passé, auraient un intérêt extrême. Tant de journalistes dont le talent a été décoré par l'improvisation quotidienne, qui ont vu briser leurs plumes par la haine et la racune des partis, méritent bien qu'on ne laisse pas leurs œuvres ensevelies tout entières dans des collections éparses, et qu'on en tire quelques brillantes étincelles de verve pour en éclairer à jamais leurs noms qu'ignorerait sans cela l'avenir.
L'éloquence a brillé de tout temps d'un vif éclat parmi nous, mais, en dehors de la chaire, il ne nous en reste qu'un chef-d'œuvre, le discours de M. Chauveau à l'occasion de la pose de la première pierre du monument de Ste-Foye. Une immense auréole d'orateur entoure le nom de M. Papineau, mais en relisant ses discours, sans doute mal rapportés, et où d'éternelles redites ne contribuent pas peu à faire paraître interminables des phrases déjà lon-ques par elles-mêmes, on ne conçoit de son éloquence qu'¬une idée bien au-dessous de l'admiration qu'elle inspirait à ses contemporains. Esprit facile et brillant, M. Vallières de St. Real a laissé le renom d'un merveilleux improvisateur. Ceux qui l'ont entendu sont encore sous le charme. La aussi sans doute il faut faire une large part aux illusions qui restent toujours attachées aux impressions de jeunesse. A l'heure qu'il est les hommes éloquents sont rares. Le talent de parler au peuple, talent fort recommendable lorsqu'il est à sa place, envahit le Parlement. On discute en chambre comme sur la place publique, non pour réfuter ses adversaires, mais pour les terrasser ; et si le président ôtait la parole à tous ceux qui, sans peut-être violer les règlements de la chambre, enfreignent les règles de la politesse et les lois de la langue, les discussions finiraient bientôt faute d'orateurs. Au palais, on plaide le moins possible: il est admis qu'il n'est point nécessaire qu'un avocat sache parler; un bon nombre gagnent leurs causes en se taisant, et le jour n'est peut-être pas éloigné où l'on supprimera les audiences et où l'on remplacera les plaidoieries par des factums, les citations parlées par des citations écrites.
Il faut souhaiter que quelques esprits jeunes et hardis se consacrent, dans la politique et au barreau, à la réhabilitation de la forme, si nécessaire à la conservation des principes. Notre vie publique, si abaissée, retrouverait à l'instant sa dignité, si l'on exigeait de ceux qui veulent descendre dans l'arène le talent dont ils ont besoin pour y faire honneur au pays. L'art de bien dire a des charmes tout-puissants qui déjoueraient bien vite les grossiers artifices de la faconde démagogique. Le peuple, qui a perdu l'habitude d'admirer et qui, de nos jours, n'est attaché à aucune grande popularité comme on en voyait autrefois, le peuple se reprendrait à aimer les belles paroles, les fiers accents; il se laisserait séduire encore par l'éloquence, et de jeunes renommées s'élèveraient de tous côtés.
La tâche la plus délicate est réservée à la critique, et il faudrait pour en tenir le sceptre une main douce et ferme, un esprit qui se laissât toucher par les faiblesses du talent et qui sût cependant dire la vérité, au risque de se l'entendre dire ensuite à lui-même. Il est temps que nous mettions de l'ordre dans nos admirations, que nous fassions cesser des confusions décourageantes pour le mérite et injurieuses au talent. En voyant notre modeste fortune littéraire s'accroître à vue d'œil, les têtes les plus froides ne peuvent se défendre d'un accès d'enthousiasme ; à plus forte raison les amis des auteurs sont-ils impuissants à modérer l'expression de leur satisfaction et les témoignages de leur sympathie. Il est donc sage de calmer par un peu de critique indépendante de la camaraderie et des coteries, l'effervescence à laquelle on se laisse facilement entraîner, pour peu que l'on aime son pays et ses amis. Soyons justes, soyons indulgents, n'oublions jamais en critiquant un livre que nous sommes peut-être les seuls à le lire, traitons les ouvrages des autres comme s'ils étaient les nôtres. Nous ne sommes encore qu'un petit groupe qui nous occupons de choses littéraires, et bien peu d'entre nous peuvent se vanter avec assurance d'être lus. Chaque jour, en ouvrant un journal ou une Revue, je fais la rencontre de grands articles qui, j'en ai l'amère conviction, s'en iront à leur dernière demeure sans être suivis par un seul lecteur. Leur sort me touche, leur solitude m'effraie pour mes propres écrits, et, réprimant un lâche instinct, je m'y mets, mais n'arrive pas toujours au bout. La grande majorité de ceux qui nous entourent est indifférente à nos émotions littéraires et ignore, plus que je ne puis le dire, nos œuvres et leurs pompes; travaillons tous ensemble à nous créer des auditeurs et, en attendant qu'ils nous viennent en foule, entre-lisons nous avec sollicitude et indulgence.
Un écueil que la critique doit éviter par-dessus tout, c'est l'écueil des rapprochements indiscrets entre nos écrivains et ceux de l'Europe. D'ordinaire nous ne sommes tranquilles et satisfaits que lorsque nous avons vu accolés à nos titres de gloire des noms qui les écrasent. Il nous semble qu'il manque quelque chose à la noblesse littéraire de nos auteurs lorsque, à la suite de leurs noms ne brillent pas les noms de Lamartine ou de Chateaubriand, dont la sonorité éclatante contraste avec le son un peu sourd des célébrités qu'ils escortent et le bruit léger des renommées qu'ils accompagnent. Fuyons ces rapprochements inégaux, ces comparaisons odieuses et blessantes lorsquelles ne sont pas extravagantes.
Ainsi exercée la critique ne saurait décourager aucun talent sérieux. Elle ne peut au contraire qu'établir les degrés et fixer les nuances.
La critique européenne parfois vient nous atteindre. On ne saurait mettre en doute son impartialité, l'intérêt sincère qui l'anime à notre égard, car, à quelque point de vue que l'on se place, il est évident que nos écrivains ne portent point ombrage à ceux de la France. Nous tenons tant cependant aux éloges d'outremer que plus d'une fois nous avons fait preuve d'une susceptibilité trop vive. Nous nous sommes piqués de la persistance et de la chaleur que l'on mettait à nous féliciter de notre vieux style, nous avons pris pour une injure ce qui n'était qu'un compliment immérité. Mais ce qui nous irrite surtout, c'est le silence que la critique européenne garde le plus souvent à l'endroit de nos œuvres. Quelques uns d'entre nous en éprouvent un dépit extrême et une aigreur mal dissimulée contre la France. Nous aurions tort pourtant de voir là un signe de dédain, une marque d'indifférence absolue. C'est seulement que nous ne sommes point encore parvenus à frapper un grand coup et à imprimer un choc au vaste monde littéraire dont nous voulons maîtriser l'attention. Présentons à ses regards des œuvres originales et nouvelles, des conceptions qui l'étonnent, des tableaux qu'il n'ait point déjà dans ses galeries, et nous le verrons se tourner à l'instant de notre côté. A la lueur de ces éclairs, il verra toutes nos œuvres encore obscures, il reconnaîtra cette littérature, fille de la sienne.
C'est là le but que doit poursuivre la littérature canadienne; tôt ou tard elle l'atteindra, elle aura un chapitre dans l'histoire de la littérature française. La Nouvelle-France prendra, au-dessous de l'ancienne, dans le monde intellectuel, une place égale à celle qu'elle a perdue dans la sphère politique; elle redeviendra encore une fois sa colonie, lui apportant comme un tribut de reconnaissance un surcroît de gloire.
Sujets anglais ou citoyens d'un Etat libre, nous resterons à jamais les compatriotes de Corneille et de Bossuet, de Chateaubriand et de Lamartine, les lecteurs assidus, les admirateurs passionnés de tant de chefs-d'œuvre, les humbles émules de tant de brillants écrivains. Un jour, nous aurons notre place à ce foyer qui éclaire le monde et parfois l'incendie, et réveillant nos pères, ceux qui ont honoré le pays par leurs actions et ceux qui l'ont honoré par leurs écrits, nous demanderons à la France de leur ouvrir son Panthéon. Dans l'avenir, on verra à la suite des grands hommes qui ont illustré la mère-patrie, les généreux écrivains qui auront conquis au Canada une place dans le monde des lettres.
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